À quoi sert donc une intervention à la couleur ? Plusieurs objectifs possibles, trouver un contrat en attaque, trouver un contrat en défense qui, même s’il chute, coûte moins cher que la réalisation du contrat des adversaires, ou encore donner une bonne entame.
Comment devra réagir le répondant, en d’autres termes le numéro 4 ? Soutenir, changer de couleur, nommer les S-A, passer, nous allons filtrer tout cela au tamis, comme les chercheurs d’or !

1 - Soutenir le partenaire

Comme toujours, pour les enchères à partir du palier de 3, attention à la vulnérabilité, des adversaires affutés pourraient bien vous contrer !
Ces soutiens dénient-ils la possession d’une majeure au moins quatrième ? Cela dépend de votre nombre de points et de votre nombre de cartes dans la ou les dites majeures.
En effet, plus on va être faible en points, et donc éloigné d’une manche éventuelle, moins on aura les moyens de nommer une majeure au lieu de soutenir, voyons ça :

Du bon sens, comme une fameuse banque, en résumé, si vous pensez avoir les moyens de soutenir à Carreau ultérieurement, nommez votre majeure, cela ne promet « que » quatre cartes, dans le cas contraire, soutenez à Carreau directement, si votre partenaire a une belle intervention et la même majeure que vous, il pourra la nommer lui-même !
Notez tout de même que le changement de couleur 1 sur 1 est forcing un tour.
Voyons maintenant le cas où l’intervention a été faite dans une couleur majeure, peu de changements, je vous rassure tout de suite.

Je me répète, mais attention à la vulnérabilité !

Lorsque l’on soutient à Cœur, peut-on aussi posséder quatre cartes à Pique ? Oui, lorsque l’on détient une main au moins propositionnelle de manche, avec une main faible, priorité au soutien direct, comme après une ouverture, en fait !

Les enchères de soutien après intervention à 1♠ fonctionnent bien sûr de la même façon, simplement ici, on ne pourra nommer une nouvelle couleur qu’en allant au palier de 2 !
Avec trois cartes dans la couleur d’intervention et moins de 7 DH, passez, en soutenant, vous tromperiez votre partenaire, moins grave que son conjoint, mais quand même !

Tout à fait le même style de soutien qu’après une intervention au niveau de 1, nous verrons dans le dernier paragraphe que faire après un « 2 faible » ou un barrage au palier de 3.

Passons maintenant aux réponses à S-A.

2 - Enchères à S-A

Elles pourront parfois cacher un soutien lorsque l’intervention aura été 1♦, jamais lorsque l’intervention aura été dans une majeure.

Entre nommer une couleur et nommer les S-A, la différence se fera suivant la forme de la main, régulière ou pas, longueur de la dite couleur.

2y se faisant sans saut.

Pourquoi faut-il, ici, moins de points pour dire 2 ou 3SA ? Tout simplement parce que le « 2 sur 1 » se fait avec au moins onze points, alors que le 1 sur 1 se fait à partir de 8 H et une belle couleur !
Du coup, on a besoin de moins de points dans le dernier cas, logique, non ?

Vous l’avez bien compris, je pense, les enchères à S-A vont montrer peu d’intérêt pour le jeu à la couleur.
Sinon, soit on en nomme une si l’on peut, bien sûr, soit on fait un cue-bid, pratique pour faire reparler le partenaire sans avoir d’enchère naturelle à disposition.
Lorsque l’ouverture aura été dans une mineure, on ne sera pas trop exigeant quant à l’arrêt dans cette fameuse mineure, en revanche, après une ouverture majeure, la connaissance d’au moins cinq cartes dans la couleur impliquera que l’arrêt devra, lui, être réel, on tolèrera Vxx dans la couleur pour 1 ou 2SA, voire la Dame seconde, mais pour 3SA, l’arrêt devra être vraiment existant.
Quid de l’enchère de 4SA ? Elle sera, bien sûr, Blackwood cinq clés pour la couleur d’intervention du partenaire, après une ouverture de l’adversaire au palier de 1, on voit mal avec quelle type de jeu on pourrait faire un « quantitatif » !

Le partenaire, sur le cue-bid, nommera les Piques avec quatre cartes, répètera sa couleur d’intervention au palier le plus bas avec une main minimum, nommera les S-A avec l’arrêt, etc. Un petit tableau récapitulatif pour vous éclairer, on déborde un peu le sujet du paragraphe, mais c’est pour la bonne cause !

Priorité donc à nommer une majeure par rapport à l’arrêt pour les S-A…

3 - Changement de couleur

Là, on va avoir du boulot, il va falloir étudier les changements de couleur sans saut, à saut et à double saut ! Sortez vos cahiers et vos crayons…

Mais pas que, sans saut, on aura le « 1 sur 1 », le « 2 sur 1 », le « 2 sur 2 », et le « 3 sur 2 », ouf. Pour moins se stresser, on peut d’ores et déjà préciser que ces changements montreront des mains non fittées dans la couleur d’intervention (sauf le 1 sur 1), le cue-bid, détaillé dans le paragraphe 4 -, servira aux mains fittées.

En revanche, les changements de couleur à saut ou double saut seront, eux, toujours fittés, ça détend.

Après intervention à la couleur, il n’y a de « Splinter » que dans la couleur d’ouverture.

La différence entre le changement de couleur à saut ou à double saut provient des longueurs cumulées des deux couleurs. À saut, neuf cartes, 4-5 dans la couleur du futur atout et celle que l’on nomme, à double saut, au moins dix cartes, 5-5 ou 4-6.

Pour info, il faut deux gros honneurs dans la couleur de « rencontre », rien à voir avec les sites du même nom ! Récapitulatif des changements de couleur après intervention :

1 sur 1 : Forcing un tour, quatre cartes suffisent.
2 sur 1 : Non forcing, sauf 2♥ après intervention à 1♠, pour des raisons de recherche d’un fit Cœur 5-3.
2 sur 2 : Forcing un tour.
3 sur 2 (sans saut) : Forcing un tour.

Dans le nouveau SEF, le 2 sur 1 est toujours forcing, j’y suis opposé, pourquoi ? Parce que cela oblige de passer avec des mains embêtantes, regardez un peu, sans vous commander :

Si on joue le changement de couleur forcing, on est obligé de passer, sinon on court à la catastrophe…
Personnellement, je dis 2♦, que je joue non forcing, bien pratique, non ?

Bon, si vous préférez « coller » au SEF, pas de problème, mais je n’assure pas les dommages et intérêts !

Pour qu’il y ait un « 2 sur 2 », sans saut, Confucius aurait dit qu’il faut un « 2 sur 1 » de l’intervenant… Dès lors, notre « 2 sur 2 » va être forcing un tour, ce qui signifie qu’il faut un minimum de 8 H, non fitté dans la couleur d’intervention, le grand principe du changement de couleur 2 sur 2 est que cela dénie le fit.

Le « 3 sur 2 » sans saut va fonctionner un peu de la même façon, simplement, imaginez-vous posséder une couleur plus « chère » que celle de l’intervenant, vous serez bien obligé de monter d’un cran :

4 - Le cue-bid

Comme toute enchère artificielle, il va servir à pallier une absence, celle d’enchère naturelle satisfaisante.
En effet, si vous avez le choix entre une enchère naturelle et une enchère artificielle, choisissez toujours l’enchère naturelle, qui affirme quelque chose, alors que l’enchère artificielle, elle, ne promet rien, elle engage juste le partenaire à reparler.

Bien pratique cette enchère « fourre-tout » qui force le partenaire à reparler. Sans empiéter sur un autre dossier, l’intervenant devra donner une idée de sa force, une intervention à la couleur allant de 8 à 17 H, sa seconde enchère devra donner des précisions de nombre de points, d’arrêt dans la couleur d’ouverture, de bicolore ou unicolore, etc.

Il faudra posséder au moins 11 H, allez, 10 bien faits, je vous absous !

Autant, sans avoir passé d’entrée, le cue-bid n’est pas forcément fitté, après avoir passé d’entrée, il le sera toujours, puisque la force du répondant sera alors de maximum 11 H !

Attention à ne pas barrer au palier de 3 comme un « sauvage », quand on possède les Piques, on est les rois ! Parfait tout ça, nous avons bien bossé sur le cue-bid simple, quid du cue-bid à saut ?

Eh oui, ça existe, et nous allons voir de suite à quel type de main il correspond. Vous savez tous que souvent le sort du contrat est lié au nombre d’atouts dans la ligne, un « fit » existe lorsque l’on en détient huit, mais le neuvième voire le dixième atout « sécurise » la couleur et permet de faire de nombreuses coupes. Pour bien séparer un soutien troisième d’un soutien au moins quatrième dans la couleur d’intervention, nous allons utiliser le cue-bid sans saut et le cue-bid à saut.

Très pratique, on montre de suite le fit au moins neuvième !

5 - Le Splinter

Comme toujours, il va se faire en effectuant un double saut, un de plus et on s’inscrivait aux J-O !

Comme nous l’avons déjà précisé, il n’y aura de « Splinter » que dans la couleur d’ouverture, les autres sauts sont des enchères de rencontre, mais je suis certain que vous ne l’aviez pas oublié !

Imposant la manche, ce double saut va montrer une main bien sûr intéressante, qui peut aboutir à un chelem si elle « colle » bien avec celle du partenaire. Un exemple concret :

Sur une ouverture au palier de 1, il existe deux types de Splinter, direct et indirect.

Le Splinter « direct » :

Montre une main lourdement fittée (au moins quatrième) et une courte, singleton ou chicane dans la couleur nommée, mais une dizaine de points seulement. Attention, tout saut après ouverture majeure et intervention est une enchère de rencontre, au risque de me répéter !

Le Splinter « indirect », du style :

Une bonne « correspondance » des mains fera que vous jouerez parfois des chelems après ouverture adverse, ce qui sera toujours une bonne donne pour vous, car dans un total maximal de 28 H, de nombreuses paires ne sauront pas enchérir aussi bien que la votre !

Nous allons parler maintenant de trois cas particuliers, la réponse à une intervention par un 2 faible, celle en réponse à une intervention à saut au palier de 3 (barrage, donc), et enfin l’enchère de 2SA du répondant après avoir passé d’entrée, et après, promis, je vous fiche une paix bien méritée !

6 - Réponse à une intervention par un 2 faible

L’idée générale est de voir si cela va changer par rapport à la réponse à une ouverture par un 2 faible, très légèrement, je vous rassure illico !

Comme d’habitude, nous allons travailler avec nos petits tableaux...

 Comme le partenaire était en intervention, nous avons à notre disposition le cue-bid et le Splinter, merci Sud ! Hormis ces deux enchères, tout le reste est comme après une ouverture, donc pas de chamboulement.
Si le 2 faible a été à Pique, cela fonctionne de la même façon, bien évidemment.

Avec la main d’extrême droite, le contrat de rêve serait 3SA, imaginer jouer 4♠ ou 5♣ serait peu réaliste, si le partenaire ne peut dire 3SA, tant pis, on dira 4♣ sur quoi il aura le droit de passer, clairement notre tentative de manche aura échoué, hélas.

7 - Réponse à une intervention par un saut au palier de 3, barrage

Ici aussi (Félicie…), peu de changements, ce paragraphe va plus servir à une bonne révision qu’à engranger de nouvelles connaissances, pour être honnête.

« Lorsque l’on a ouvert en barrage, on a tout dit ». Cet adage vieux comme le monde est toujours en vigueur, l’intervenant ne devra plus prendre d’initiative, c’est son partenaire qui « capitainera » la séquence.

Notons qu’après un barrage au palier de 4, si c’est en mineure, nommer une majeure signifiera que l’on souhaite jouer ce contrat, si le barrage est en majeure, en général le partenaire de l’intervenant passera, ou nommera un contrôle ou posera le Blackwood en cas de main de chelem.

8 - Réponse de 2SA après avoir passé d’entrée

Nous vîmes précédemment que cette enchère est naturelle, 12-14 H et montre au moins un arrêt dans la couleur d’ouverture.

Après avoir passé d’entrée, on ne peut, évidemment posséder 12-14 H (ou alors un As était tombé sous la table !).

On va donc, la nature ayant horreur du vide, attribuer une signification différente à cette enchère, mais laquelle ?

Dans les deux séquences de gauche, 2SA est une enchère à saut, dans la séquence de droite, sans saut après un « 2 sur 1 ».
La grosse différence, attention, est que si l’enchère de 2SA a été faite après un « 2 sur 1 » du partenaire, elle est naturelle, 10-11 H et l’arrêt dans la couleur adverse.
Lorsque l’enchère de 2SA aura été faite à saut, elle montrera précisément quatre atouts et une courte indéterminée, 11 DH et plus, comme après une ouverture en troisième ou quatrième du partenaire.

Cette courte étant indéterminée, l’intervenant ne la connait pas. S’il ne souhaite pas la connaitre, il conclut au palier de 3 ou 4 dans la couleur du fit suivant sa force.
Et s’il souhaite la connaitre pour savoir si elle « colle » bien avec sa main ? Alors il devra, comme après une ouverture en troisième ou quatrième, « relayer » à 3♣ pour que son partenaire puisse, lui, nommer la couleur de la courte.

Voilà, en fait c’est très simple, on nomme la couleur de la courte de la moins chère à la plus chère, par paliers en somme.
Attention, à l’atout Cœur, la courte à Pique (3♠) impose de jouer la manche, il faudra que l’intervenant vérifie bien qu’il peut accepter sans dommage n’importe quelle réponse de son bien-aimé (si, si…) partenaire !
Voilà, nous avons fait un bon tour d’horizon sur le sujet, j’espère que cela vous servira dans un futur proche pour ramasser un maximum de bons coups !

 Place aux exercices